L’interview de Natacha, en Suisse

Le village de Stansstad

Natacha, originaire de la région parisienne s’est installée à Lucerne, en Suisse, en février 2013, avec son mari qui s’est vu proposé une proposition de poste très intéressante.

 

 

 

Carte_suisse

Où est-ce ?

Il s’agit d’une photo du village de Stansstad en Suisse. Stansstad est une ville limitrophe de Lucerne, où vit Natacha.

Découvrez son interview

Présentez-vous

Présentez-vous

Je m’appelle Natacha et suis originaire de la région parisienne, où j’ai grandi dans un milieu multiculturel (mon papa est serbe de Bosnie-Herzégovine). Curieuse et dynamique, j’ai fait mes études en école de commerce à Amiens puis j’ai vécu en Espagne pendant un an et quelques mois à Londres. Passionnée de langues étrangères, de voyages et d’hôtels, j’ai ensuite fait un MBA en Management Hôtelier à l’International à Paris. J’ai travaillé pendant plusieurs années dans le marketing et la communication dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie haut de gamme.

J’ai suivi mon mari en Suisse en février 2013 suite à une proposition de poste très intéressante pour lui. Nous n’avons pas encore d’enfant.

Je profite de cette expatriation pour faire une pause professionnelle et apprendre une nouvelle langue. Très attachée à la France et à sa culture, j’ai décidé d’enseigner le français à des adultes non-francophones et de leur transmettre mon affection pour mon pays natal.

Pendant mon temps libre, j’écris un blog sur la ville de Lucerne pour faire découvrir la ville à un public francophone. J’apprends l’allemand et fais beaucoup de sport (j’ai d’ailleurs fait mon premier semi-marathon il y a un mois). Je m’occupe également de mon petit chien !

Vous et les blogs/sites

Mon blog s’appelle « Une Parisienne à Lucerne » : http://uneparisiennealucerne.wordpress.com/

J’ai décidé de créer ce blog à mon arrivée en Suisse afin de partager les tribulations d’une desperate femme d’expat’, de faire connaître la ville de Lucerne et plus globalement la Suisse. Au tout début, je me sentais vraiment comme une desperate housewife, un mix entre Bree Van de Camp, Gabrielle Solis et Susanne Delfino ! C’est donc l’angle et le ton que j’ai souhaité prendre dès le départ. L’idée était pour moi de faire connaître Lucerne et la Suisse, que mes amis associent uniquement à la fondue, au chocolat et aux expatriés fiscaux. A travers ce blog, je voulais également m’intéresser à ce pays, faire des recherches sur ses us et coutumes, sa politique, et partager des adresses que je trouvais sympas.

Ce blog m’a apporté énormément de choses. Très vite, j’étais connue pour être cette « française qui vit à Lucerne ». On m’a contacté pour aider de nouvelles personnes à s’installer ou simplement pour prendre un café et discuter en français. Ce blog m’a aidé également à décrocher le poste de professeur de français !

Le Lion endormi

Le Lion endormi

Où vivez-vous actuellement ?

Comme je l’ai dit, j’ai vécu en Espagne et en Angleterre. Cependant, c’est la première fois que je vis dans un pays où je ne parle pas la langue locale ! J’ai suivi mon conjoint et nous avons un permis de travail pour 5 ans. Le contrat de mon mari ainsi que le mien sont des CDI. Sincèrement, nous prévoyons de rester un bon bout de temps !!

Où viviez vous en France ?

Je vivais en région parisienne, à Châtillon, dans un 56 m² que nous avons acheté avec mon mari en mars 2012.

Pour quelles raisons vous êtes vous expatrié ?

Nous avions, mon mari et moi, envie de repartir vivre à l’étranger. Moi, j’avais vécu en Espagne et en Angleterre et mon mari en Australie. La destination n’était pas arrêtée même si, lui, lorgnait énormément sur le pays des kangourous ! Finalement, il a eu une proposition d’embauche à Lucerne, nous y sommes allés pour voir à quoi cela ressemblait, et cela a été le coup de foudre !

La station de ski de Stoos

La station de ski de Stoos

Votre vie à l’étranger

Qu’est ce qui vous plait dans votre vie à l’étranger ? Qu’est-ce qui vous plait moins ?

Ce qui me plaît le moins c’est l’éloignement de la famille et des amis. Le fait que je ne puisse pas partager avec eux les moments merveilleux que je vis au quotidien.

Ce qui me plaît le plus c’est le fait de me sentir étrangère en Suisse et extérieure à la France. Cela me permet d’avoir un regard différent sur ces deux pays et de les appréhender autrement. Le fait de vivre à l’étranger m’oblige à être encore plus curieuse et plus ouverte, même si je le suis déjà naturellement. Tous les weekends, nous sommes partis en vadrouille à visiter tel ou tel coin, avides de découvrir de nouvelles choses. Attitude que nous n’avions plus forcément à Paris.

Par rapport à la vie en France, qu’est ce qui est mieux ? Qu’est ce qui est moins bien ?

Ce que j’aime en Suisse c’est le respect de certaines valeurs que l’on perd en France. Ça fait vieux jeu mais c’est vrai ! Respecter les autres, son environnement, être poli, ponctuel et bienveillant. J’ai l’impression de vivre dans le pays des Bisounours et j’adore ça ! Je paye cher plein de choses (la vie est plus chère qu’en France) mais la qualité est toujours au rendez-vous. Mon loyer est élevé mais je vis dans un appartement de 92m² neuf ! Tellement bien entretenu que je pourrais même dormir dans ma cave !!!

Ce que je trouve moins bien ce sont finalement toutes les qualités de ce pays mais qui sont poussées à l’extrême : on s’intéresse à son voisin mais certains vont jusqu’à la délation, les gens sont cools mais le service est extrêmement lent, le pays est neutre mais dans les dîners, on n’exprime pas facilement ses opinions, on ne débat pas sur la politique, etc. !

Enfin, le dernier inconvénient par rapport à la France est le système social et de maladie qui est vraiment très cher. Après, celui-là, au moins, il fonctionne ;-p

Le Port de Lucerne

Le Port de Lucerne

Quelles sont les caractéristiques de votre pays d’accueil ?

  • Le climat

Le climat est continental : très froid l’hiver avec de la neige et chaud du printemps à l’automne.

  • Le logement

J’ai trouvé mon appartement en 3 jours mais l’entreprise de mon mari a mis à notre disposition une société qui aide les expatriés à s’installer. Sinon, je pense que cela aurait été impossible. Déjà, on ne parle pas la langue et on a rencontré très peu de propriétaires maîtrisant correctement l’anglais. Ensuite, c’est comme dans les grandes villes de France : on dépose des dossiers à rallonge avec lettre de recommandation de l’entreprise, photos du chien (pour montrer à quel point il est petit et mignon !!), etc. On a fait des visites avec dix autres couples. Je connais même des gens qui ont du envoyer des photos de leurs enfants car ils « étaient nombreux » !

  • La nourriture

J’ai découvert le Rösti, j’aaaadoooore !!! J’ai redécouvert le chocolat, forcément ! Je raffole de la viande des Grisons ainsi que de leurs fromages. J’essaye de manger moins de viande et ici, je me régale de tous les plats végétariens. C’est un créneau mieux développé qu’en France.

Par contre, et j’en suis désolée pour tous les Suisses que je connais, je déteste le Rivella ! C’est une institution nationale ici, mais, perso, je n’aime pas cela.

Ce qui me manque de France ce sont les fruits de mer, la diversité des fromages et la taille normale des yaourts (125g contre 180g en Suisse !!)

  • La scolarisation

Je n’ai pas d’enfants pour le moment, alors je ne maîtrise pas encore bien le système scolaire. Ce que je sais c’est qu’il est performant mais beaucoup plus difficile qu’en France. Je crois que l’école n’est obligatoire qu’à partir de 6 ans, il n’y a pas vraiment d’école maternelle, mais plutôt des Kinder garten.

Leur bac s’appelle « la maturité professionnelle » et ici, ce n’est pas qu’une simple formalité. C’est un examen difficile à passer, où visiblement beaucoup échouent. Certains décident alors d’aller travailler, ce qui fait qu’il y a beaucoup de très jeunes gens qui travaillent à temps plein dans les entreprises.

Pour les études supérieures, l’apprentissage est extrêmement bien développé.

  • Les vacances

Mon mari a 21 jours de congés annuels. Ensuite, avec l’ancienneté, on gagne d’autres jours de congés.

  • La santé

Le système de santé est obligatoire et payant pour tous les adultes, qu’ils travaillent ou non. Ce sont des assurances maladie privées. Vous avez la base plus une complémentaire au choix, cela fonctionne avec des franchises.

Dans notre couple, nous dépensons par mois 598 francs suisses pour cette assurance avec une franchise  de 500 CHF par an pour ma part et de 2 500 CHF pour mon mari !!! Ce qui veut dire que nous payons presque 600 CHF par mois et que, jusqu’à ce que nous atteignions notre franchise, nous ne sommes pas remboursés ! Au-delà, nous sommes remboursés à hauteur de 90%.

  • La conduite

Nous avons un an pour faire changer notre permis. Au-delà, il faut le repasser ! En Suisse, on roule à droite et en règle générale, les personnes roulent bien ! En même temps, il y a des radars partout !!!

  • La censure

Ne maîtrisant pas encore la langue, c’est difficile pour moi de mesurer le degré de censure. Mais je ne pense pas qu’elle soit bien différente des règles établies en France.

Mont Pilatu

Mont Pilatu

Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans les mentalités et habitudes culturelles de votre pays d’accueil ?

Ce qui me gêne le plus c’est le côté délateur de certaines personnes, leur façon de toujours vous disputer si vous traversez à 50 cm du passage piéton…

Avez-vous des «habitudes» ?

J’ai, pour le moment, gardé mes habitudes françaises : la nourriture, les heures du repas, mon côté râleur et (un peu trop) franc !

Par contre, je me suis bien adaptée à la douceur de vivre suisse : je traverse uniquement lorsque le petit bonhomme est vert !, je ne cours plus après les bus, je n’essaye plus d’imaginer comment resquiller systématiquement !, je passe ma vie en extérieur : rando, course à pied, nage dans le lac, etc.

Est-il facile de partir en weekend ?

Oh, oui ! C’est super facile. On est en plein milieu de l’Europe, à 1h de l’aéroport de Zurich, l’un des plus grands aéroports européens. On est à 4h30 de Paris, 3h de Milan, etc. Et surtout, la Suisse regorge de trésors touristiques !

Décrivez votre cadre de vie

Je vis dans la sixième ville de Suisse, donc, relativement grande pour le pays. Mais c’est une ville « à taille humaine » où l’on peut tout faire (ou presque) à pied. Elle est située aux pieds des Alpes et au bord d’un immense lac. Bref, c’est un cadre de vie paradisiaque !

Vue sur le KKL : Centre de Culture et des Congrès de Lucerne

Vue sur le KKL : Centre de Culture et des Congrès de Lucerne

Pouvez-vous nous raconter une anecdote ?

Un jour, je suis allée chez Migros (le supermarché du coin) faire deux, trois courses. Cela faisait deux semaines que je vivais là. Je savais à peine dire bonjour dans la langue locale. A la caisse, la caissière m’a parlé en suisse allemand, elle m’a enchaînée en m’expliquant une offre commerciale. Je lui ai répondu en anglais que je ne comprenais pas un traître mot ! Elle m’a dit qu’elle ne parlait ni anglais, ni français et m’a demandé si je parlais espagnol. « Claro que si !! », lui ai-je répondu. On a fini par discuter en espagnol. Tout cela dans un mini supermarché situé en plein milieu de Suisse Centrale !

Pouvez-vous nous raconter une journée typique ?

Je travaille de chez moi le matin et l’après-midi : je prépare mes cours et j’écris mon blog. Le midi, généralement, je vais faire du sport. Je sors mon chien le matin avant de bosser et l’après-midi avant d’aller à l’école. Ensuite, vers 17h30, je me rends à l’école et j’y suis jusqu’à environ 21h30.

Le weekend, on se lève assez tôt car le samedi les magasins ferment à 16h00 et le dimanche on prend la voiture pour aller se balader soit au bord du lac, soit en montagne. Généralement, lorsque le temps le permet, on va courir.

Une fois par mois, je passe le dimanche après-midi avec une jeune femme suisse et une Sud-Africaine pour faire un cours de conversation d’allemand et d’anglais.

Le lac de Lucerne

Le lac de Lucerne

Votre adaptation

Votre intégration a-t-elle été facile ?

Mon intégration a été très facile car nous avons été pris par la main par la société de mon mari. Ils nous ont facilité toutes les démarches et nous ont accueillis comme des nouveaux membres de la famille.

Ensuite, j’ai rejoint des groupes d’expats et nous sommes nombreux ! J’ai également rencontré des personnes dans mon cours d’allemand.

Avez-vous rencontré facilement les gens du pays ?

Grâce à mon travail, j’ai rencontré beaucoup de locaux. Dans l’entreprise de mon mari, c’est 50-50. On a donc pu également rencontrer des « gens du pays » par ce biais-là. Finalement, grâce à tous les réseaux à notre disposition, nous avons réussi rapidement à faire des connaissances. Nous ne sommes là que depuis 10 mois, il est donc difficile de parler d’« ami » …

Voyez vous / côtoyez vous d’autres français sur place ?

Oui ! Nous ne sommes pas nombreux par rapport aux allemands et aux britanniques mais quand même ! Nous avons une petite communauté !

Vous-êtes vous facilement adapté à votre nouveau pays ?

Au bout de deux mois, je me sentais chez moi !

Connaissez-vous la langue du pays ?

Non, je ne parle pas suisse allemand qui est la langue parlée dans cette partie du pays. Considérée plutôt comme un dialecte, la langue officielle est l’allemand. Je prends pour le moment des cours d’allemand, en espérant un jour pouvoir faire des cours de conversation de suisse allemand. Attention, ce sont deux langues bien différentes !

Bord de la Reuss, côté Rathaus

Bord de la Reuss, côté Rathaus

Votre lien avec la France

Face à quelle mentalité/habitude/défaut français êtes-vous plus clément, avec le recul d’habiter à l’étranger ?

En fait, aucune ! Car j’estime vivre dans un pays qui a une meilleure mentalité et qui a fait de meilleurs choix et parfois certains sacrifices pour améliorer son niveau et sa qualité de vie.

A quelle fréquence rentrez vous en France ?

Je ne rentre pour le moment que pour les occasions spéciales : anniversaire, mariage, fêtes de famille, etc.

Avez vous des contacts réguliers avec votre entourage resté en France ?

Mon entourage me manque énormément car j’ai envie de leur faire partager et leur montrer ce que je vis. Mes meilleures amies donnent naissance à des petits princes et princesses que je ne peux pas rencontrer pour le moment. Mais j’essaye de garder le contact au maximum à travers mon blog, les emails, les textos (je suis illimitée en Europe !), et puis Facebook, Viber, Skype et FaceTime. Mais avec mon travail en décalé, ce n’est pas toujours évident.

Avez vous prévu de revenir vivre en France un jour ?

Pour le moment, non. J’aime ma vie en Suisse. Je suis tombée amoureuse de ce pays et je veux en profiter au maximum !

L'église de Stoos

L’église de Stoos

Et pour finir…

Avez vous évolué ou grandit depuis votre départ ?

Je me suis adoucie, je suis moins stressée, moins énervée ! Bref, je suis moins parisienne. J’apprends à prendre le temps, à ne plus courir, à moins consommer. Je suis contente de cette évolution. Je me sens encore plus ouverte aux autres, j’ai retrouvé cette dimension internationale que j’avais perdue à Paris.

Avez-vous des conseils pour les futurs-expatriés ?

Il faut être courageux car les débuts ne sont pas évidents. Mais il faut garder en tête que, si on y met du sien, on peut faire basculer les choses très vite. Il faut provoquer les rencontres, aller au devant des autres, s’ouvrir, s’intéresser aux autochtones, qui heureux et fiers de vous faire partager leur culture, vous aideront à vous intégrer. Il faut laisser ses préjugés, ses principes au placard et apprendre à apprécier l’inconnu. L’humilité a été mon meilleur « outil » pour m’intégrer.

Comment vous voyez-vous dans 5 ans ?

Dans 5 ans, j’espère être toujours en Suisse, à Lucerne ou ailleurs, avec des enfants. Je trouve que c’est un pays idéal pour y élever sa progéniture ! J’espère avoir obtenu le niveau B1 d’allemand pour pouvoir demander le permis de résident permanent.

Comment vous voyez vous dans 20 ans ?

Dans 20 ans ???!!!! Ouh la la la, no idea ! Quelque part dans le monde !

Comment préparez vous votre retraite ?

Pour le moment, je n’y pense pas vraiment. En même temps, nous finissons seulement de nous remettre de tous les frais d’installation. En 2014, nous allons recommencer à épargner et réfléchir à notre retraite.

Dans quel coin du monde rêvez vous de vivre ?

Je suis extrêmement bien ici, mais je pourrais rêver de vivre au soleil, au bord de la mer. J’aimerais retourner à Palma de Mallorca.

Où aimeriez vous vivre une fois que vous serez à la retraite ?

A Palma de Mallorca, sans hésitation !

Bord de la Reuss avec vue sur la vieille ville

Bord de la Reuss avec vue sur la vieille ville

Retrouvez Natacha sur son blog

Le blog de Natacha : http://uneparisiennealucerne.wordpress.com/

uneparisiennealucerne_blog

Remerciements

Merci à Natacha d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions et d’avoir partagé avec nous son expatriation à Lucerne !

Vous avez des questions ?

Si vous souhaitez poser des questions à Natacha sur son interview, n’hésitez pas à lui laisser des commentaires sous cet article. Elle se fera un plaisir d’y répondre !

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