L’interview de Cécile, aux Etats-Unis

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Cécile, 30 ans, professeur des écoles, nous raconte sa nouvelle vie à la Nouvelle-Orléans !

 

 

 

 

 

etats-unisOù est-ce ?

Cette photo a été prise par Cécile, en Nouvelle-Orléans. Il s’agit des maisons du Garden District.

Découvrez son interview

Carte d’identité

Prénom : Cécile
Age : 30 ans
Situation personnelle : Célibataire sans enfant
Situation professionnelle : Professeur des écoles
Pays et ville d’origine : France
Pays et ville d’accueil : USA (New Orleans)
Type et durée du visa : J1 (3 ans)
Date de début d’expatriation : juillet 2013
Blog : Once upon a time… In New Orleans http://onceuponatimeinnola.wordpress.com 

Présentez-vous ?

Moi c’est Cécile, 30 ans, Nîmoise d’origine mais voyageuse dans l’âme. Avant d’arriver à la Nouvelle-Orléans, j’ai vécu 10 ans dans le sud-ouest de la France, puis un an en Martinique. Je m’expatrie seule, non pas pour, mais grâce à mon travail. J’ai fait le choix depuis deux ans de vivre en colocation, avec ses hauts et ses bas, mais ai décidé d’habiter seule à partir de la rentrée prochaine, parce que je suis grande maintenant.

Quelle est l’adresse de votre blog ?

http://onceuponatimeinnola.wordpress.com est un condensé de mon petit monde avec tout ce que je trouve marquant, drôle, original, fou ici. Destiné à la base plutôt à ma famille (qui ne possède pas Facebook. Oui, oui.), je sais qu’il est maintenant lu par les familles et amis de mes amis. Un grosse responsabilité, qui m’oblige à être régulière (et prudente) dans mes articles. C’est une activité certes chronophage, mais qui me permet de prendre du recul par rapport à ma vie ici et de garder une sorte de journal de bord illustré. Activité qui reste avant tout un plaisir.

Où vivez-vous actuellement ?

Je vis actuellement à la Nouvelle-Orléans, ville assez unique aux Etats-Unis. J’y suis partie pour enseigner le français à des petits américains, dans une école d’immersion. Mon visa est de 3 ans, et mon contrat est de un an, renouvelable. Avant d’arriver ici, j’ai enseigné un an en Martinique, qui n’est pas vraiment l’étranger, mais pas tout à fait la France non plus.

Votre vie avant votre expatriation

Comment était votre vie dans votre pays d’origine ?

Pendant 10 ans en France, j’ai eu une vie de sédentaire bien réglée, avec mon école de campagne, ma 106, mon chat et les barbecues dominicaux. Je m’investissais beaucoup dans mon travail, voyais ma famille à chaque vacances, partais une fois par an à l’étranger et me trouvais toujours dans le rouge sans vraiment faire d’excès.

Pour quelles raisons vous êtes vous expatrié ?

L’expatriation trottait dans ma tête depuis quelques temps, sans jamais oser. Et puis j’ai eu plus besoin d’air, de bousculements, d’ouverture d’esprit, d’ailleurs, et j’ai osé pour ne pas regretter plus tard. Avec une amie, on a postulé pour l’Outre-mer et la machine était lancée pour quelques années.

Votre vie à l’étranger

Comment s’est passé votre départ ?

Mon départ pour la Nouvelle-Orléans est particulier, parce que j’avais déjà laissé la moitié de ma vie française dans le garage de mes grands-parents l’année précédente. J’ai donc laissé l’autre moitié à ma coloc en Martinique et suis arrivée avec une unique valise de 25 kilos, composé en grande partie de vêtements d’été (parce qu’à l’époque je pensais arriver dans un pays chaud…).

Comment se sont passées les premières semaines sur place ?

Les premières semaines m’ont donné l’impression de durer des mois tellement elles ont été denses. Un stage de trois jours m’a permis de rencontrer les autres professeurs francophones recrutés comme moi, et de me faire rapidement un réseau social (mais français) ici. Il a fallu ensuite trouver un logement, passer le permis, ouvrir un compte, demander un numéro de sécurité social, acheter des meubles…, et tout cela en étant à l’hôtel et en commençant l’école. Heureusement, nous avons eu droit à une sorte de nounou aussi déjantée qu’efficace.

Qu’est ce qui vous plaît dans votre vie à l’étranger ? Qu’est ce qui vous plaît moins ?

J’aime cette sensation ambiguë d’être à la fois étrangère et familière à la ville, d’être en vacances tout en travaillant comme jamais de ma vie, d’évoluer comme dans un film tout en pensant que c’est la vie réelle.

J’aime moins cette impression de vivre dans un microcosme, une mini-société d’expatriés, même si c’est souvent bien agréable de savoir que cette communauté est là et prête à accourir au moindre problème. L’éloignement est parfois dur aussi.

Par rapport à votre pays d’origine, qu’est ce qui est mieux ? Qu’est ce qui est moins bien ?

Les américains sont les rois de la facilité. Tout est étudié pour que ce soit pratique : on monte un lit sans outils, on retire des sous sans sortir de sa voiture, on va dans les magasins à toute heure, on commande à emporter partout, on se gare sans faire de créneau… A la Nouvelle-Orléans, ce sont aussi les rois de la fête : plus de festivals que de jours dans l’année, de la musique tout le temps et partout…

Par contre, on travaille beaucoup plus (on est même fatigués…) et on a beaucoup moins de vacances, le rythme est vraiment soutenu. Leur système de santé est tout simplement nul, à tel point qu’on refuse de se soigner par peur des conséquences. Et certaines idées me dérangent un peu…

Une maison dans Treme

Une maison dans Treme

Les caractéristiques de votre pays d’accueil

Je ne peux pas définir les USA car c’est comme si on me demandait de définir l’Europe. Chaque état est comme un pays avec ses propres caractéristiques et chaque ville est si différente… Un point commun tout de même : leur patriotisme, partout et toujours.

  • La mentalité des locaux

Je dois avouer que j’ai pas mal changé d’avis sur les américains. Je n’ai jamais vu des gens aussi gentils, serviables, faciles d’accès, accueillants. Ils sont beaucoup dans l’excès et la flatterie, et c’est peut-être parfois hypocrite, mais ce n’est pas déplaisant. Les gens travaillent dur, mais font aussi  beaucoup la fête. Work hard, play hard comme ils disent.

  • Le climat

L’été la ville est un hammam à ciel ouvert. L’hiver est sensé être doux et court, mais j’ai du tomber sur la mauvaise année… De janvier à avril, on a alterné les jours en tee-shirt sous 20 degrés et les jours en gros manteau par 0 degré. Des écarts incroyables, parfois sur une même journée. A en devenir fou.

  • La nourriture

Je pensais mal manger, mais la nourriture en Louisiane est vraiment bonne. Bonne, mais riche… Bien sur il y a les hamburgers et hot dogs traditionnels, mais la Louisiane c’est surtout le gumbo, le jambalaya, les crevettes à l’étouffée, les plats créoles et épicés et beaucoup de fritures…

Il est très difficile de manger sain, car la composition même des aliments est un problème pour nous français… Notre corps n’y est pas habitué et même en mangeant relativement comme en France, on enfle. A croire qu’ils piquent même leurs légumes…
Le fromage, la charcuterie et les Kinders manquent évidemment. Mais ce qui manque surtout c’est cette sensation de non-gras en mettant la fourchette dans la bouche…

  • La scolarisation

L’école est obligatoire à partir de la grande section. Le système louisianais est apparemment un des moins bons des Etats-Unis, et c’est pour cela que des familles font le choix d’une école d’immersion française (alors qu’ils ne parlent pas la langue à la maison). Ils ont une image de qualité du système français et ces écoles restent financièrement accessibles. Les enfants travaillent énormément, de 8h à 16h du lundi au vendredi, avec peu de pauses et un lunch express.

  • Les vacances

L’année scolaire va de début août à fin mai. J’ai 3 jours de vacances au fall break, une semaine à Thanksgiving, deux semaines à Noël, une semaine à Carnaval (Nouvelle-Orléans oblige) et une semaine au spring break. Relativement peu pour des enseignants…

  • La conduite

J’ai fait le choix de ne pas avoir de voiture, mais la conduite semble assez tranquille. J’ai tout de même repasser mon permis car le permis français n’est valable que 3 mois. La conduite automatique est très facile et très reposante, on devient vite accro.

  • Ce qui coûte cher dans votre pays d’accueil / ce qui ne coûte pas cher

L’essence et les restaurants sont bien moins chers qu’en France, on mange très souvent à l’extérieur. Il est également très facile de trouver des vêtements peu chers, dans les outlets par exemple. On peut aussi voyager pour pas grand chose à l’intérieur des Etats-Unis.

La télévision coute par contre très chère (d’ailleurs on s’en passe) et les loyers ne sont pas donnés, mais on vit plutôt bien dans l’ensemble.

La cathédrale Saint-Louis

La cathédrale Saint-Louis

Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans les mentalités, les habitudes culturelles du pays ?

Trois choses : le port des armes, la non-conscience écologique et l’omniprésence de la religion.

Avez-vous des habitudes ?

Elles concernent surtout les repas. Je mange maintenant à l’heure américaine, c’est à dire très tôt le soir : vers 6h30 et je me couche aussi beaucoup plus tôt qu’en France. Le dimanche je brunch souvent, et j’aime même le beurre de cacahuète avec la confiture ! Et quand je vais au restaurant, je repars avec ma box-to-go…

Est-il facile de partir en weekend ?

Il est facile de partir en week-end, encore faut-il avoir l’énergie de le faire. La Louisiane est à explorer (Baton-Rouge, Lafayette) mais il y a également la Floride, le Texas et le Mississippi qui sont facilement accessibles en quelques heures de voiture. Je pars environ une fois par mois en dehors de New Orleans (et après je récupère pendant 3 semaines).

Décrivez-votre cadre de vie

La Nouvelle-Orléans est une ville qui fonctionne par quartiers. J’habite dans le Garden District, quartier plutôt bourgeois et tranquille. Le French Quarter est très animé et accueille les touristes. Le CBD est le quartier des affaires. Marigny et Bywater sont des quartiers alternatifs en devenir. Treme est un quartier noir qui évolue beaucoup également (notamment depuis la fameuse série Treme).

Racontez-nous une anecdote

Il y a un mois a eu lieu la fête de l’école afin de récolter des fonds. Des vedettes locales étaient invitées à se produire sur scène, les plus grands restaurants ont tenu des stands, le champagne coulait à flots. Les oeuvres des élèves se sont vendues à plus de 200$ et une toile réalisée sur place par un artiste est partie à 3500$ lors d’enchères à main levée… Un autre monde bien loin de nos kermesses !

Votre adaptation

Votre intégration a-t-elle été facile ?

Je n’ai pas trouvé cela très difficile. Nous connaissons bien la culture américaine et les Orléanais sont accueillants et chaleureux. Le rythme et les exigences au niveau du travail sont le plus difficile à tenir à mon sens.

Avez-vous rencontré des locaux ?

Il est aisé de rencontrer des locaux et de sympathiser lors d’une soirée, mais beaucoup moins d’avoir une relation amicale suivie. Il ne suffit pas de descendre dans la rue et de vouloir se faire des amis pour que ça marche. Les américains ont déjà leur vie, leur réseau, leurs amis… Mais petit à petit, les rencontres évoluent, surtout grâce au travail et à la colocation. Comme en France, il faut du temps…

Voyez vous / côtoyez vous d’autres personnes de votre pays d’origine sur place ?

Ahah. Oui, et beaucoup trop. Mais ils sont tellement sympas que ce n’est pas parce qu’ils sont français que je vais leur dire que je ne veux plus les voir.

Connaissez-vous la langue du pays ?

Comme dirait ma coloc, je suis arrivée en ne sachant pas aligner deux mots. Je n’ai pas pris de cours, mais ai fait pas mal de progrès, c’est l’avantage quand on part de bas. Je peux maintenant tenir une conversation, au travail comme à l’extérieur. Il est tout de même beaucoup plus rapide de progresser en compréhension (à moi la VO !) qu’en expression…

Votre lien avec votre pays d’origine

A quelle fréquence rentrez-vous dans votre pays d’origine ?

Une fois par an.

Avez-vous des contacts réguliers avec votre entourage resté dans votre pays d’origine ?

Grâce à la technologie je peux garder le contact avec famille et amis : Skype, Whatsapp, Facebook, email… Ce qui me manque le plus ce sont mes grands-parents, car justement, eux n’ont pas accès à cette technologie.

Avez vous prévu de revenir vivre dans votre pays d’origine un jour ?

Probablement, mais j’irai là où le vent et les rencontres me portent. J’attends toujours de rencontrer mon mari.

Un plat de crawfish

Un plat de crawfish

Conclusion

Avez vous évolué ou grandit depuis votre départ ?

La vie loin des siens et proche des autres transforme forcément. On est confronté à soi, à un système qu’on ne comprend pas toujours, à l’inconnu. Je pense avoir évolué, avoir appris d’un pays sur lequel j’avais beaucoup d’aprioris, mais qui finalement est aussi complexe que n’importe quel autre. Grâce à tous les gens d’ici, je me sens plus riche émotionnellement et culturellement.

Avez-vous des conseils pour les futurs-expatriés ?

Prenez aussi un manteau.

Dans quel coin du monde rêvez-vous de vivre ?

Je change tous les mois d’envies : enseigner en Afrique, Europe de l’Est, Chine… Je rêve par contre depuis toujours de traverser une partie de l’Asie en train, mais juste pour le plaisir du voyage.

Une parade pour Pâques, mais il y en a pour chaque occasion (Halloween, Mardi Gras, Saint Patrick…)

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Retrouvez Cécile sur son blog

Le blog de Cécile : http://onceuponatimeinnola.wordpress.com/

onceuponatimeinno

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Remerciements

Merci à Cécile d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions et d’avoir partagé avec nous sa vie en Nouvelle-Orléans !

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Si vous souhaitez poser des questions à Cécile sur son interview, n’hésitez pas à lui laisser des commentaires sous cet article. Elle se fera un plaisir d’y répondre !

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