L’interview de Julien, au Canada
Julien, 32 ans, s’est installé à Ottawa après avoir trouvé un emploi depuis la France en visitant le salon « Destination Canada ».
Où est-ce ?
Il s’agit d’une vue sur Ottawa, au Canada.
Découvrez son interview
Carte d’identité
Prénom : Julien
Age : 32 ans
Situation personnelle : marié, sans enfant
Situation professionnelle : Je suis chargé de projet multimédia pour un éditeur scolaire.
Pays et ville d’origine : France, Troyes
Pays et ville d’accueil : Canada, Ottawa
Type et durée du visa : visa de travail temporaire d’un an renouvelable.
Date de début d’expatriation : Août 2013
Partenaires d’expatriation : ma femme
Motif de l’expatriation : travail
Assurances : n’ayant aucun avantage par l’entreprise et ne pouvant cotiser à la CFE compte tenu des coûts demandés, nous sommes partis avec une assurance voyage, le temps de rejoindre le régime d’assurance santé de l’Ontario qui couvre tous les frais médicaux courants. Nous cotisons en plus à une assurance privé pour les frais tiers (optique, dentaire…)
Blog : http://blogcanada.julien-redelsperger.com/
Présentez-vous ?
Je m’appelle Julien et je suis originaire de Troyes, en Champagne. Après un cursus en école de commerce, j’ai dirigé pendant 8 ans un service communication/marketing avant de tenter ma chance au Canada. Je connaissais déjà l’Amérique du Nord pour y avoir effectué une partie de mes études aux Etats-Unis (dans le Kansas) et au Canada (au Québec), et je m’étais toujours dit qu’une expérience professionnelle à l’étranger serait un vrai plus. Alors, nous nous sommes lancés !
Quelle est l’adresse de votre blog ?
L’adresse du blog est : http://blogcanada.julien-redelsperger.com
J’avais envie de partager ce que nous vivons à l’étranger en essayant de prendre un peu de recul et de hauteur par rapport aux diverses expériences, succès et déconvenues que peuvent rencontrer des expatriés dans un nouveau pays. Je ne souhaitais pas y partager notre quotidien, mais plus des « tranches de vie » et diverses informations sur les voyages et mes différentes passions.
Où vivez-vous actuellement ?
Nous vivons à Ottawa, la capitale du Canada. En fait, j’y ai trouvé un emploi depuis la France en visitant le salon « destination Canada ». J’ai rencontré mon futur employeur en novembre et en août, nous nous envolions, visa de travail temporaire en poche, prêt à vivre une nouvelle expérience.
Votre vie avant votre expatriation
Pour quelles raisons vous êtes vous expatrié ?
Depuis 8 ans dans la même entreprise et dans le même service à des responsabilités différentes, j’aspirais alors à vivre une nouvelle expérience. Je ressentais le besoin de sortir d’une certaine routine professionnelle pour me lancer un défi. Nous avions, au-delà de la dimension professionnelle, l’envie de tenter une nouvelle expérience. De construire un projet de vie différent que nous supposions plus enrichissant. Bien qu’il s’agisse d’une décision lourde de conséquence, nous n’avons pas mis longtemps à la prendre. L’envie d’aventure et de découvertes était trop forte, et nous sommes persuadés que, même en cas d’échec et de retour anticipé, tout serait propice à un apprentissage riche d’enseignement, sur le plan personnel et professionnel.
Votre vie à l’étranger
Comment s’est passé votre départ ?
Il s’avère que l’année de notre départ au Canada coïncidait avec l’année de notre mariage. Autant dire que la préparation du départ couplé à la préparation du mariage était un gros challenge en termes d’organisation, surtout que nous avons décollé tout juste 5 jours après la cérémonie.
Nous avons pris la décision de vendre la plupart de nos possessions (voitures, meubles…), mettre notre appartement en location (toujours utile en cas de retour anticipé, au moins, en l’absence de locataires, on aurait un toit sur la tête) et de ne partir qu’avec le strict minimum… ce qui représentait tout de même cinq valises !
C’était d’ailleurs très bizarre de se dire qu’on abandonnait tout ce qu’on avait et ceux qu’on connaissait – collègues, familles et amis – pour partir dans une ville inconnue au bout du monde.
Comment se sont passées les premières semaines sur place ?
Nous sommes arrivés 2 semaines avant mon premier jour de travail. Autant dire qu’on avait tout juste le temps de trouver un appartement pour s’installer au plus vite. Après de nombreuses déconvenues, nous avons trouvé l’appartement que nous cherchions. Moderne, confortable, propre, pas trop loin du travail et du centre-ville… un bon compromis donc. Ensuite tout est allé très vite pour enchaîner une grosse partie administrative (sécurité sociale, ouverture d’un compte en banque, d’une ligne de téléphone, d’un compteur électrique, d’Internet…). Heureusement pour nous, les canadiens sont très réactifs et assez bien organisés, y compris en plein cœur de l’été !
Qu’est ce qui vous plaît dans votre vie à l’étranger ? Qu’est ce qui vous plaît moins ?
Le plus… disons la vie en général ! Le rythme de vie et de travail, plus tranquille, mais aussi plus efficace, avec des rapports hiérarchiques moins marquées et une bureaucratie réduite au minimum. La découverte avec les canadiens, le fait de jongler entre le français et l’anglais à tout moment (même si des fois on aimerait bien parler un peu plus anglais au quotidien).
Le moins… disons forcément la distance avec la famille et les amis, mais grâce à Skype et Facebook, c’est plus facile. La nourriture et les bons petits plats français nous manquent. Le prix des communications internet et téléphone, est aussi hallucinant, tout comme certains frais médicaux (dentiste en particulier).
Les caractéristiques de votre pays d’accueil
- La mentalité des locaux
Les gens sont ouverts, sympathiques, souriants, décontractés, polis et respectueux… même si c’est parfois compliqué de passer le cap de la relation superficielle pour chercher des rencontres plus concrètes et amicales.
- Le climat
L’hiver long et rigoureux est un cliché au Canada… mais c’est vraiment quelque chose à vivre ! Il semblerait que cette année, il ait été particulièrement vigoureux avec plusieurs journées à -39 degrés et des grosses tempêtes de neige… alors on attend l’hiver prochain pour comparer !
- Le logement
Les recherches de logement se passent principalement de particulier à particulier. Pas ou peu d’agence immobilière pour de la location. Il existe de nombreux sites comme kijiji ou padmapper qui nous ont bien aidés. Ce qui est génial, c’est qu’il y a moins de paperasse et de tracasseries administratives. Pas de caution, pas de relevé bancaire, de garant, de bulletin de salaire… Tout ce qu’il faut c’est le premier et le dernier mois de loyer. C’est tout. Simple, rapide et efficace !
- La nourriture
Le sirop d’érable évidemment ! Un must de la gastronomie locale, tout comme les queues de castors, pâtisseries très caloriques à dévorer en hiver après une bonne séance de patin à glace sur le canal Rideau 😉
Globalement, on a réussi à garder l’équilibre qu’on avait en France sur le plan de la cuisine. On achète un maximum de produits frais et on prépare tout nous-même. On évite les plats préparés et on scrute les étiquettes pour prendre les produits les plus « naturels » possibles. On était très méfiants en venant en Amérique du Nord, réputée pour sa malbouffe. Cette paranoïa alimentaire nous a toutefois permis de manger pratiquement tout ce qu’on mangeait en France, à quelques exceptions près… mais bien manger au Canada coûte cher ! C’est le prix à payer pour éviter graisses, OGM, colorants, conservateurs, sucres et sels en excès.
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Les vacances
Pas de vacances… au plutôt si, autant de vacances que je veux, puisque c’est du sans solde ! Du coup, il faut limiter les absences et bien anticiper les vacances. Ca change de mes 9 semaines de congés en France !
- La santé
Au Canada, la santé est gérée au niveau des provinces. Chaque province dispose d’un système différent, et c’est, pour schématiser, un bon compromis entre la France et les Etats-Unis. Dans l’Ontario, trois mois après notre arrivée, nous étions admissibles à l’assurance maladie de la province qui prend en charge la plupart des frais médicaux courants (médecin et hospitalisation). Ce qui est déjà un vrai soulagement. Ensuite pour les médicaments, les frais dentaires et optiques, c’est de notre poche. On a donc pris une assurance complémentaire (assez chère) qui assure la plupart des frais médicaux non couverts par l’assurance provinciale.
- La conduite
Le Canada et la France ont des équivalences pour le permis de conduire. Il m’a suffit de présenter mon permis français, une attestation d’authenticité et 80 dollars pour recevoir par la poste, deux semaines plus tard, mon permis canadien. Le permis français est censé être renvoyé par le Canada à la préfecture d’origine, si on veut le récupérer un jour.
C’est une démarche que je conseille, car légalement, 90 jours après notre arrivée, on ne peut plus conduire avec un permis étranger, et d’autre part c’est aussi une pièce d’identité locale avec laquelle on se sent mieux intégré (et cette petite carte en plastique type carte bancaire est tellement plus pratique que notre bout de papier rose qui se déchire facilement !)
- La censure
Pas à ma connaissance. Le Canada est un pays libre qui encourage la liberté d’expression et qui respecte toutes les communautés.
- Ce qui coûte cher dans votre pays d’accueil / ce qui ne coûte pas cher
Ce qui coûte cher : les transports en avion (pas de low-cost comme en Europe), les forfaits téléphoniques, les forfaits internet, les frais bancaires et les frais médicaux.
Ce qui coûte moins cher : l’essence, la location de voiture, la junkfood, les vêtements (entre autre).
Est-il facile de partir en weekend ?
Ottawa étant la capitale du pays, c’est une ville riche en musées, parmi les plus beaux du Canada. Le célèbre parlement canadien (visite gratuite) est l’emblème de la ville, tout comme le canal rideau, qui se transforme l’hiver en plus grande patinoire du monde. Pour en savoir plus sur Ottawa, tous les détails se retrouvent sur mon site : http://blogcanada.julien-redelsperger.com/ottawa/
Racontez-nous une anecdote
Ottawa est situé à la frontière entre le Québec (majoritairement francophone) et l’Ontario (majoritairement anglophone). C’est donc une ville multiculturelle, où les deux communautés se côtoient au quotidien, et où ne sait jamais qui est francophone et qui est anglophone. Quand on fait les magasins, il suffit parfois de prononcer un seul mot en anglais pour que les vendeurs nous reconnaissent immédiatement comme français et nous parlent en français ! C’est vrai que c’est confortable, mais c’est parfois un peu frustrant, quand on veut rester incognito pour pratiquer son anglais ! 😉
Votre adaptation
Votre intégration a-t-elle été facile ?
Globalement, oui, les canadiens sont très accueillants et ouverts même avec des inconnus. C’est très facile de discuter dans la rue, dans le bus, dans une file d’attente ou dans un bar. Toutefois, il est difficile de passer la première barrière pour accéder à des « amis ».
Je me souviens d’une comparaison faite par une journaliste de l’Express lors du salon « destination Canada » qui m’avait frappée.
Elle disait, métaphoriquement, que les canadiens étaient des abricots et les français des noix de coco.
Les canadiens sont très faciles d’accès, mais il est difficile de s’en faire des vrais amis stables et durables. La première couche est facile à percer, mais on tombe vite sur un noyau.
Les français, c’est l’inverse, ils sont froids, distants et méfiant en apparence, mais une fois passé la première couche dure, on peut créer rapidement des vraies amitiés sincères.
J’avais bien aimé cette comparaison, et je dois dire que je trouve que c’est assez vrai !
Connaissez-vous la langue du pays ?
J’ai appris l’anglais à l’école comme beaucoup de monde, mais ce sont surtout mes expériences à l’étranger qui m’ont permis de me sentir vraiment à l’aise.
Au Canada, même en restant du côté francophone, il est indispensable de parler anglais.
Dans mon cas, je travaille pour une entreprise canadienne qui défend et fait la promotion du français, et finalement, je ne parle pas autant anglais que je le voudrais.
Votre lien avec votre pays d’origine
A quelle fréquence rentrez vous dans votre pays d’origine ?
On aimerait bien pouvoir rentrer au moins une fois par an, mais rien n’est moins sûr. Pour le moment, nous avons besoin de nous stabiliser au Canada avant d’envisager de rentrer en France, ne serait-ce que pour les vacances. Et puis, il y a tant à découvrir ici !
C’est aussi l’occasion pour nos familles de venir faire du tourisme en Amérique du Nord.
Avez vous des contacts réguliers avec votre entourage resté dans votre pays d’origine ?
Oui, bien sûr, comme tous les expatriés je suppose. Ça permet aussi de réduire un peu la distance grâce à ces outils de communication.
Conclusion
Avez-vous des conseils pour les futurs expatriés ?
S’expatrier à l’étranger est un projet de vie qui doit être mûrement réfléchi, tant sur le plan personnel que professionnel. Cela ne veut pas dire qu’il faut se mettre des barrières, mais il faut être conscient qu’il y aura des difficultés à surmonter, et des doutes à outrepasser. C’est un choix qui impacte la famille (comment on se voit dans le futur, avec des enfants à l’étranger par exemple ?), sa carrière (est-ce que ce départ sert mon parcours ou ma carrière professionnelle et comment je pourrais le valoriser en revenant en France ?) et sa vie en général (ai-je un peu d’économie pour prévoir un coup dur ou assumer le coût de la nouvelle installation ? Mon niveau en anglais est-il suffisant et comment l’améliorer ? Suis-je au clair dans les procédures administratives ? Ai-je prévu un plan B en cas de soucis ?…).
Mais au final, c’est une expérience très enrichissante où l’on apprend sur les autres et sur soi-même.
Dans quel coin du monde rêvez-vous de vivre ?
L’Amérique du Nord garde un capital d’attraction et de sympathie très fort à mes yeux, que ce soit les Etats-Unis ou le Canada.
Retrouvez Julien sur son blog
Le blog de Julien : http://blogcanada.julien-redelsperger.com/
Un an plus tard
Que devient Julien ? Vit-il toujours à Ottawa ?
Découvrez-le vite dans sa nouvelle interview !
Remerciements
Merci à Julien d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions et d’avoir partagé avec nous sa vie au Canada !
Vous avez des questions ?
Si vous souhaitez poser des questions à Julien sur son interview, n’hésitez pas à lui laisser des commentaires sous cet article. Il se fera un plaisir d’y répondre !
Vous souhaitez participer ?
Si vous souhaitez participer et partager votre expérience de vie à l’étranger, envoyez nous un petit message via le formulaire de la page Comment participer.
Hum ça fait très européen la petite église avec les maisons…. Finlande ? suède ? norvège ? ou un pays balte?
Ouais je resterais en Europe aussi, mais aucune idée du pays
Pologne ?
Bonjour,
Merci pour la publication de cet article 😉
Pour répondre aux questions sur la photo avec l’église et les maisons au bord de la rivière, c’est bien au Canada ! C’est une photo prise depuis Rockcliffe Park à Ottawa sur la ville de Gatineau, juste de l’autre côté de la rivière des Outaouais.