L’interview de Laetitia, aux Etats-Unis


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Laetitia s’est expatriée aux Etats-Unis pour suivre son mari. Elle nous raconte ses impressions sur cette nouvelle vie.

 

 

 

 

 

Découvrez son interview

etats-unisCarte d’identité

Prénom : Laetitia
Age : 27 ans
Situation personnelle : mariée sans enfants
Situation professionnelle : bibliothécaire, en disponibilité
Pays et ville d’origine : Strasbourg, France
Pays et ville d’accueil : Santa Clara, Californie (USA)
Type et durée du visa : Visa H4 de 3 ans
Date de début de l’expatriation : mars 2014
Partenaires d’expatriation : Mon mari
Motif de l’expatriation : mon mari a trouvé un boulot dans la Silicon Valley
Blog http://deuxans2vacances.blogspot.com/

Présentez-vous ?

Je m’appelle Laetitia, j’ai 27 ans. Je viens de Strasbourg et depuis quelques mois, mon mari et moi vivons à Santa Clara en Californie où il a trouvé du travail. Et moi, je m’occupe comme je peux.

Quel est l’adresse de votre blog ?

En janvier, j’ai commencé mon blog http://deuxans2vacances.blogspot.com/ pour raconter un peu tout ce qui était en train de se passer : demande de visa, organisation d’un déménagement à l’échelle internationale, quitter mon travail, changer de vie quoi. L’aventure de l’expatriation commence avant de poser le pied dans son nouveau pays. J’avais besoin d’en parler et puis je voulais apporter ma pierre à l’édifice, les blogs d’autres expatriés m’ont beaucoup aidé à appréhender le départ. Depuis que nous sommes installés, le blog nous sert à garder le contact avec la famille et les proches, raconter le quotidien, ce que nous faisons, ce qui est nouveau, nous choque, nous amuse. Les Etats-Unis font fantasmer, on croit tout connaître du pays et du mode de vie grâce aux films et séries TV mais à l’arrivé le choc culturel est bien là. Je voulais démystifier un peu tout ça.

Où vivez-vous actuellement ?

Nous vivons actuellement à Santa Clara, dans la baie de San Francisco. Nous nous sommes retrouvés ici un peu par hasard. Mon mari a fait son stage de fin d’études en Californie, à la suite de quoi on lui a proposé un travail. Nous n’avions rien planifié, nous ne cherchions pas particulièrement à nous expatrier. L’opportunité s’est présentée et on s’est dit, pourquoi pas ?

 

Votre vie avant votre expatriation

Comment était votre vie dans votre pays d’origine ?

Avant notre expatriation, nous habitions Strasbourg, une ville très belle et très agréable à vivre.

Votre vie à l’étranger

Comment s’est passé votre départ ?

Pour nous, le départ s’est fait en deux temps : mon mari est parti en octobre 2013 et je l’ai rejoint 6 mois plus tard, en mars, le temps de quitter mon travail et d’organiser le déménagement. Les préparatifs du départ ont été courts, mais tout s’est fait dans le calme. Je craignais le pire, mais finalement tout s’est bien passé. Le déménagement était pris en charge par la société de mon mari, du coup nous avons décidé de tout emmener, à l’exception des appareils électriques et de ma voiture. La boîte s’est chargée de trouver des déménageurs qui sont venus emballer notre appartement. Nous n’avons même pas fait un carton. Le plus long a été une fois sur place, d’attendre plusieurs semaines notre conteneur dans un appartement vide. On avait l’impression d’être au camping, c’était assez drôle. Côté administratif aussi, tout s’est bien passé. Les visas ont été délivrés rapidement. Nous avons eu beaucoup de chance je crois.

Comment se sont passées les premières semaines sur place ?

Quand je suis arrivée, mon mari avait déjà trouvé un appartement et une voiture. La partie des affaires que nous avions envoyée par avion était arrivée. Tout était presque prêt. La première semaine, mon mari ne travaillait pas, nous en avons profité pour prendre nos marques, enfin, surtout moi. Puis, à partir de la deuxième semaine, je me suis retrouvée seule chez moi. C’était dur, ça l’est encore. Mon visa H4 ne me permet pas de travailler, ce qui rend l’intégration très difficile. Nouer des relations avec des américains est compliqué. Ils sont très accueillants au départ mais très froids par la suite. Je pense que se faire des amis ici est un travail de longue haleine.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre vie à l’étranger ? Qu’est-ce qui vous plaît moins ?

J’apprends énormément de choses sur la culture américaine mais aussi française. Je trouve les différences culturelles sous toutes leurs formes fascinantes. La Californie est magnifique, nous trouvons toujours de quoi occuper les week end et jours fériés. La vie quotidienne en revanche me plaît beaucoup moins. Devoir constamment prendre la voiture pour tout faire est très pénible, et la Silicon Valley n’est pas la plus jolie partie de la Californie. La nourriture n’est pas de très bonne qualité et coûte très cher, comme à peu près tout, malheureusement.

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Les caractéristiques de votre pays d’accueil

  • La mentalité des locaux

Après plusieurs mois sur place, je les trouve toujours difficile à cerner ! Les américains sont très enthousiastes, ils n’hésitent pas à exprimer leurs émotions. Ils parlent fort, les restaurants sont souvent bruyants. Ils ont le contact facile mais sont très froid, ils sont très positifs, tout est toujours génial, the best, ce qui a tendance à m’agacer.  Les relations sont un peu superficielles et hypocrites. Du point de vue d’un français, ils ne sont pas polis. L’obsession du « bonjour, merci, aurevoir » n’existe pas ici. Passer à côté de quelqu’un qu’on connaît sans le saluer n’est pas une impolitesse et ne choque personne. Et ça n’empêchera pas d’engager éventuellement une conversation amicale avec cette personne par la suite. Les codes de conduite en société sont très différents, il faut simplement s’y habituer. Ils sont aussi très patriotes et fiers de leur pays / état / ville.

  • Le climat

Il fait toujours beau en Californie. En 5 mois, je n’ai connu qu’une seule journée de pluie. L’état est en pleine sècheresse, la pire de son histoire.

  • Le logement

Nous avons trouvé notre appartement par le site de petites annonces Craigslist. Je regardais depuis la France et envoyais les annonces intéressantes à mon mari qui allait visiter. Les recherches ont duré un certain temps, plusieurs mois il me semble. L’immobilier est très cher dans la Silicon Valley et les habitations parfois douteuses. Heurseusement, mon mari a pû loger chez un ami pour se donner le temps de trouver un appartement correct.

  • La nourriture

Au pays du fast food, la question de la nourriture est épineuse. Nous avons de la chance, grâce au climat, on trouve beaucoup de fruits et légumes en Californie. Mais globalement, je trouve la nourriture de moins bonne qualité qu’en Europe (lait enrichi, farine blanchie, viande provenant d’animaux nourris aux OGM, traités aux hormones de croissance et aux antibiotiques). Je fais beaucoup plus attention à ce que j’achète, je me suis même mise au bio. J’adore par contre la variété des beurres de cacahuètes et purées d’oléagineux. Dans ce qui me manque, je citerais en premier, comme la plupart des français je pense, le pain bien sûr. Il y a aussi les plats plus typiques de ma famille et de ma région : le sanglier, la tarte au fromage, le kässler, les quetchs, la choucroute au poisson, … Mon mari est plus bec sucré et parmi ce qui lui manque il parle le plus souvent de sirop, chocolats kinder (le chocolat américain est dégueulasse), d’apéros type curly, de biscuits en tout genre (à part les Oréo et les cookies, il n’y a rien ici).

  • Les vacances

No vacation nation : les américains ont en général 2 semaines de congés par an (dont sont décomptés les jours de maladie).

  • La conduite

Que l’on vienne d’Europe ou d’un autre état américain, quand on s’installe en Californie il faut repasser son permis. C’est une simple formalité qui coûte 30$. La conduite est assez similaire à celle de la France, l’absence de priorité à droite est néanmoins parfois un peu gênante. Globalement, les gens roulent vite et ne mettent pas leur clignotant.

  • Y’a-t-il de la censure ?

J’ai appris récemment qu’au sein des bibliothèques et des écoles, des livres pouvaient être retirés des collections pour toute sorte de raison (contenu trop sombre, langage choquant, satanique…) sur simple demande.

  • Ce qui coûte cher dans votre pays d’accueil / ce qui ne coûte pas cher

La vie en Californie est chère : logement, nourriture, assurance, forfaits de téléphone, internet, tout est beaucoup plus cher qu’en Europe. Sauf l’essence.

 

Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans les mentalités, les habitudes culturelles du pays ?

Beaucoup de chose à vrai dire ! En vrac : la culture des armes, le fait vivre à crédit, la façon d’éduquer les enfants, le rapport à la nourriture, l’incitation quasi-constante à la consommation, la quasi absence de transports en commun, le peu de respect pour la planète.

Avez-vous des «habitudes» ?

Ma vie a changé du tout au tout. Je suis passée d’une vie active dans une jolie ville de France à l’oisiveté dans une banlieue résidentielle de Californie. L’habitude que j’ai gardée de France, c’est me lever tôt, même si je ne travaille pas. Je fais aussi plus de sport au quotidien pour essayer de compenser le mode de vie très sédentaire (tout se fait en voiture). Je cuisine toujours beaucoup mais je teste beaucoup plus de nouveaux plats (et c’est pas toujours une réussite !).

Est-il facile de partir en weekend ?

La Californie est un magnifique état. La mer, la montagne, des paysages à couper le souffle, pour partir en vacances ou en week end, on a l’embarras du choix.

Décrivez-nous votre cadre de vie

Nous vivons dans une résidence à la Melrose Place avec piscine, gym et service de maintenance. C’est très vert et plutôt calme. La ville en elle-même n’a pas d’intérêt. Santa Clara est une banlieue vieillissante des années 1970 sans centre-ville. Il ne s’y passe pas grand-chose. La ville la plus proche, San José, est glauque, je ne m’y promènerais pas seule la nuit.

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Votre adaptation

Votre intégration a-t-elle été facile ?

Laisser de côté sa famille et ses amis pour se retrouver dans un pays inconnu n’est pas facile. La tentation de se retrancher sur sa communauté peut être forte, d’autant plus qu’ici ce n’est pas « mal vu » et qu’il est souvent plus simple de rentrer en contact avec des européens que des américains.

Avez vous rencontré facilement les « gens du pays » ?

Lorsqu’on ne peut pas travailler, qu’on n’étudie pas, et qu’on habite une banlieue résidentielle, rencontrer des gens est très compliqué. Le site Meet Up est très utilisé ici. Je m’y suis inscrite et participe à des événements mais la démarche est assez artificielle. Je ne peux pas dire que je me sois fait des amis.

Connaissez vous la langue du pays ?

En 2012, nous étions venus en vacances sur la côte Ouest des USA et j’avais pu constater que si mon niveau d’anglais scolaire était bon, l’anglais US de la vie de tous les jours était bien différent. Il a fallu s’adapter à la prononciation, au débit, ça a pris quelques mois. La lecture et Netflix ont bien aidé.

 

Votre lien avec votre pays d’origine

Face à quelle mentalité/habitude/défaut de votre pays d’origine êtes-vous plus clément, avec le recul d’habiter à l’étranger ?

A présent, j’ai une certaine tendresse pour le côté râleur des français. Les américains veulent rester positifs en toute circonstance, ils acceptent beaucoup de choses là où en France on entâmerait des manifestations. Certes, c’est parfois ridicule et exagéré, mais j’aime ce côté revendicateur, essayer de changer les choses, ne pas se laisser faire.

Avez vous prévu de revenir vivre dans votre pays d’origine un jour ?

Nous sommes partis avec l’idée de revenir. La parenthèse devait durer quelques années. Finalement, elle sera écourtée puisque nous envisageons de rentrer au début de l’année prochaine. Nous n’accrochons pas avec le mode de vie ici, mais je pense que la Silicon Valley n’est pas la meilleure partie de la Californie. D’ailleurs, presque tous les français qui viennent travailler dans l’entreprise où bosse mon mari finissent par retourner en France.

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Conclusion

Avez vous évolué ou grandit depuis votre départ ?

Cette expérience m’a ouvert les yeux sur la qualité de vie en France et en Europe, sur toutes ces choses que l’on trouve normales ou acquises (protection des salariés, sécurité sociale, …). Même si je n’aime pas ma vie ici, je ne regrette pas d’être venue. L’expatriation est une expérience très enrichissante, mais pas forcément toujours facile à vivre.

 

Retrouvez Laetitia sur son blog :

Le blog de Laetitia : http://deuxans2vacances.blogspot.com

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Remerciements

Merci à Laetitia d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions et d’avoir partagé avec nous sa vie en Californie !

Vous avez des questions ?

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