L’interview de Virginie, un an plus tard en Thaïlande

Il y a un an, Virginie nous confiait ses impressions sur la vie en Thaïlande.

Aujourd’hui, nous revenons vers elle pour savoir comment sa vie a évolué.

Habites-tu toujours en Thaïlande ?

Je vis toujours en Thaïlande mais comme je le disais il y a un an, nous sommes parties vivre les filles et moi sur Koh Samui, une île dans le golf de thaïlande, côté sud-est. Mon mari travaille et vit toujours à Ranong. Il vient tous les week-end nous rejoindre pendant 24h. Il a demandé son retour en Europe pour fin 2015, à sa hiérarchie, pour que cette situation ne dure pas trop longtemps quand même…

Qu’y fais-tu aujourd’hui ?

Je n’ai toujours pas de travail. Nos filles sont scolarisées toutes les deux et comme j’ai plus de facilité à les confier à des babysitter qu’avant, j’ai du temps maintenant pour m’y remettre.

Il y a peu d’offre pour beaucoup de demande alors je vais devoir faire preuve d’imagination. J’y pense j’y pense…et quoiqu’il en soit, je pense surtout à mon insertion professionnelle quand nous serons retournés en Europe, j’avoue. Je bosse mon anglais et j’élabore des projets.

Aujourd’hui, qu’est-ce qui te plait dans ta vie à l’étranger, et qu’est-ce qui te plait moins ? Penses-tu t’être habituée aux choses qui te gênaient il y a un de cela ?

J’adore le melting-pot de cette île. Je joue au badminton trois fois par semaine avec des anglais, australiens, sud-africains, japonais, thaïs, français, belge… Mes voisins sont italiens, américains, russes etc…bref, je peux échanger avec des gens de cultures différentes et ouvertes aux autres aussi.

Ici tout est orienté tourisme, et des touristes il y en a plein, alors tout le monde ou presque parle à tout le monde en anglais, français, chinois selon les besoins. Enfin on se dit deux mots, quoi, car les thaïs essayent avant tout de survivre face à cette concurrence acharnée, en attirant le client par un petit mot gentil dans sa propre langue. Leur sourire est très commercial, c’est plus évident à Koh samui, mais il est le bienvenu c’est vrai !

J’ai horreur du climat ! Trop chaud, trop humide ! J’ai horreur du désordre et de la saleté.

Je me suis habituée aux moustiques, j’ai chassé souris, termites, fourmis et blattes de notre maison après plusieurs mois de lutte. La maison étant bien située, pratique et pas chère je tenais à la garder (loyers à Koh Samui : de 650€ à plus de 2000€ le mois).

Je me suis habituée au chauvinisme des thaïs, ou plutôt non, je ne me suis pas habituée, mais pour mieux accepter sans les juger je les remplace dans mon esprit par un ou une française et je retrouve les travers de mon pays (et les miens) face aux étrangers : personne n’est parfait!

As-tu découvert d’autres choses qui te plaisent dans ce pays ? Et qui ne te plaisent pas ?

Dans les + : L’île de koh Phangan est un bijou ! Du calme, peu de véhicules, des hôtels de rêve, des grands axes où l’on peut circuler en vélo sans danger, ça respire le grand air, et ce n’est qu’à 30 minutes de bateau de Koh samui. Et bien-sûr des plages magnifiques. Il semble que certains paysages de Corse pourraient y ressembler de ce que nos amis nous ont dit, mais en moins sauvage. Tant mieux, on saura où aller en cas de manque, après notre retour 🙂

Dans les – : J’ai découvert que les relations professionnelles ici entre expats qui s’installent en y travaillant, sont plus violentes que ce que j’avais connu jusque là. Etre un requin, ne rien lâcher pour survivre, semble être leur devise. Devant tant de corruption, d’argent sale, de lois très flexibles, sans contrôle, ni sécurité et peu de recours en justice, ils n’ont pas toujours d’autre choix. Une amie française a failli aller en prison à cause d’une avocate thaï véreuse qui ne lui a pas fourni les papiers officiels pour exercer. Elle a payé cher, très cher pour éviter le cachot qu’elle imagnait comme dans le film « Midnight express »…. J’espère seulement que sa colère saura s’apaiser…

Le monde peut être parfois violent, même ici. Seulement à Koh Samui, on ne le voit que dans les rapports professionnels. Dans la rue il y a eu un meurtre et une voiture piégée dans un centre commercial, mais cette violence est liée à des règlements de compte pour le business. Pas de guerre de religion, pas de conflit social. La junte militaire au pouvoir maintient l’ordre, par la privation des libertés d’expression notamment.

Cette censure me dérange dans mes convictions morales et mes besoins économiques. J’ai voulu suivre une formation sur internet via la France mais elle est bloquée à cause d’un filtre politique (comme en Chine). Pas possible de voir les vidéos. Elle concerne l’animation d’un atelier théâtre pour enfant, rien de bien anti-royaliste pourtant….Mon mari a eu un souci similaire à son travail, c’est grâce à lui que j’ai compris ce qui se passe ici.

Est-ce qu’un an de plus te donne l’impression d’être encore davantage intégrée ?

Je dirais oui et non (parce que je suis normande !). Je suis à la fois moins intégrée à la culture thaï, mais de toute façon je n’avais pas réussi vraiment à m’y intégrer à Ranong. Par contre, je suis plus intégrée à la vie sur une île touristique.

Quel est ton bilan général de cette année passée ?

J’ai fait le bon choix de partir vivre à Koh Samui plutôt que de rester à Ranong. Aucun regret. J’ai appris à vivre seule, à me débrouiller, à refaire confiance aux thaïs, à faire face à ma peur de l’inconnu, mon impatience s’est calmée, j’apprends à positiver, à réagir moins frontalement et à trouver le compromis. Nos filles ont grandi, elles ont l’air de s’épanouir ici et j’espère surtout qu’elles sauront se souvenir de cette expérience pour affronter les difficultés de leur vie avec discernement et courage.

J’ai un profond sentiment de gratitude envers la vie de m’avoir confrontée à tout ça, même si c’est dur.

Merci pour ces réponses et bonne continuation !